[Downtown] Restaurant Barton’s

Milton hésita, mais il finit par se décider à parler.

- Le gouvernement iranien est en train de négocier un accord sur un programme nucléaire civil avec l’administration Obama. On ne sait pas si cet accord aboutira et certaines personnes bien placées en Iran sont en train de prévoir un plan de secours. Un plan qui prévoirait un programme nucléaire qui ne serait pas que civil.

Il avala une gorgée de vin avant qu’on ne leur amène le dessert.

- Je suis sur les traces d’un agent iranien, ici, aux Etats-Unis. Il essaie d’entrer en contact avec un groupe nigérian qui serait prêt à vendre à l’Iran sous le manteau une bonne dose de Yellow Cake Uranium. Je pense qu’il est à Miami. Avant qu’il quitte Téhéran, j’ai découvert qu’il avait un rendez-vous ici avec un agent du FBI, quelqu’un qui devait le mettre en contact avec le vendeur. Mais je n’ai pas pu apprendre de qui il s’agissait. En arrivant, j’ai commencé à enquêter sur les agents du bureau local du FBI, c’est comme ça que j’ai découvert que Ferguson avait disparu de la circulation.

Le serveur apporta ce qui, dans n'importe quel autre restaurant, aurait été une simple tarte au citron. Ici, le plat était séparé en plusieurs verrines, décorées avec soins.

- Yellow cake, hein ?

Elle ne savait trop quoi penser de cette histoire. C'était plausible. Mais pourquoi des agents étrangers voudraient-ils se retrouver sur le sol américains? leur pire ennemi... Cela n'avait aucun sens à ses yeux, mais le régime tyrannique du pays d’origine de sa mère n'en avait pas plus à ses yeux, de toute façon.

- Il ne doit pas y avoir des masses d'agents du Bureau ayant eu des contacts avec des trafiquants d'armes nigérians, non? Tu as cherché de ce coté?

Tout en parlant, elle réfléchissait à la présence d'une jolie blonde au coté de Ferguson. Elle n'avait l'air ni nigériane ni iranienne.

Milton acquiesça.

- Celui qui trempe là-dedans doit être assez doué pour couvrir ses traces. Je n’ai rien repéré.

Il termina rapidement son dessert.

- Ca peut être n’importe qui, dans n’importe quel équipe, et à n’importe quel grade. Evidemment, tu n’es pas là depuis longtemps, mais tu n’as rien remarqué ?

Bouchra secoua la tête.

- Je ne les connais pas assez pour remarquer quoi que ce soit. Et la journée a été particulièrement agitée, tu t'en doute. Mais je vais garder les yeux ouverts.

Se retrouver, de facto, au statut de taupe pour une autre agence ne lui plaisait guère. D'autant qu'elle avait toujours ses doutes.

- Tu devais savoir que j'arrivais aujourd'hui, n'est ce pas ? Pourquoi ne pas m'avoir invité ici hier? Ca aurait facilité les choses tu ne crois pas ?

Evidemment, la mort de Fergusson n'était pas encore connue. Mais l’enquête devait bel et bien déjà en cours.

Milton hésita un bref instant.

- Je ne suis revenu qu’il y a deux jours. Je voulais attendre d’être installé avant de reprendre contact avec toi. Je reconnais que je n’imaginais pas tomber directement sur toi pendant l’enquête. Avec le nombre d’agents qu’il y a à Miami, ça a quand même été une sacrée coïncidence de tomber l’un sur l’autre le premier jour.

Grâce à ses compétences en psychologie, Bouchra avait compris d’om venait l’hésitation de son père. Ce qu’il ne disait pas, c’était qu’après dix ans d’absence, il avait sans doute eu une certaine appréhension à contacter sa fille, connue pour avoir le sang chaud.

- Sacrée coïncidence en effet...

Même à elle, le ton sarcastique lui parut déplacé. Tout ça pouvait bel et bien n’être qu'un immense hasard. Et elle n'était pas très fière de appréhension qu'il éprouvait visiblement à son égard.

- Désolée, s'excusa-t-elle en reposant sa cuillère. Le boulot de flic finit par rendre paranoïaque. Je suis contente de te revoir, même si j'aurai préféré des circonstances plus normale. Mais je crois que le mot normal ne fait pas plus parti de mon vocabulaire depuis des mois, de toute façon.

Elle commanda un thé pour finir le repas qui s'était avéré aussi délicieux que prévu. Le Barton's était décidément à la hauteur de sa réputation.

Milton finit lui aussi son digestif et demanda l’addition.

- Je te promets que je ne savais pas qu’on se retrouverait sur la même enquête. Je voulais vraiment te revoir dans d’autres conditions.

Il n’insista pas davantage, conscient que son passif avec sa fille ne jouait pas en sa faveur. L’addition arriva et, si Bouchra n’avait plus rien à ajouter, elle pourrait reprendre le volant de la Camarro pour le chemin du retour.

- Moi aussi. Mais l'important, c'est qu'on aille au delà, non ?

Ravie, elle s'installa derrière le volant du bolide et mis le contact. Le ronflement du moteur lui envoya des frissons dans tous le corps.

- Wow, ça faisait un moment...

Rapidement, elle fut sur la route et se dirigea vers son appartement. Dommage qu'il soit si prêt, elle aurait bien fait un tour sur l'autoroute. Mais la brigade autoroutière n'aurait sans doute pas apprécié... et elle n'était pas sur de pouvoir faire passer cette petite excentricité pour une enquete fédérale.

C'es donc à peu prés sagement qu'elle prit la route de chez elle, bien décidé a retourner sur un circuit un jour prochain.

Bouchra profita bien du trajet. Sur le pas de sa porte, elle rendit les clés de la Camarro à son père.

- Fais attention à toi, se contenta-t-il de dire comme au revoir.

Elle regarda la Chevy s’éloigner en trombe. Ensuite, elle rentra chez elle et retrouva son chat.

[HRP : si tu ne vois rien d’autre pour la soirée, tu peux enchaîner avec le lendemain matin]

- Merci pour cette soirée, papa. Je te tiens au courant si je trouve quelque chose. Et, s'il te plait, n'attend pas dix ans pour me ré-inviter.

Elle fit un sourire pour bien montrer qu'elle plaisantait, puis se serra contre lui un instant avant de rentrer chez elle et d'aller se coucher. La soirée avait été bonne, mais la journée du lendemain s'annonçait plus difficile.

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