[Homestead] Maison d’Andrew Perez

Après toutes ces minutes d'attente, Xiang commença, comme ses amis, à se demander si tout allait vraiment bien... Revenu dans la voiture et assistant à la non venue de Paolo comme ses amis, il décida de prendre les choses en main.
- Je vais essayer d'aller voir s'il se trame quelque chose de spécial.
Si personne ne contestait, le jeune Chinois fermerait la porte et essayerait de se faufiler le plus discrètement possible en direction de la maison de leur cible, A la recherche d'une éventuelle fenêtre ouverte depuis laquelle il pourrait écouter une conversation.

Xiang se faufila jusqu'à la maison de Paolo. Une fenêtre entrouverte en bascule lui permit de tendre l'oreille sur ce qui se passait à l'intérieur. Rien, pas un bruit ne provenait de l'habitation. En jetant un coup d'oeil rapide, il ne repéra rien de particulier dans le salon. Il n'y avait personne dans la pièce.

Par une habile manoeuvre, Xiang parvint à ouvrir la fenêtre normalement et à passer à l'intérieur de la maison. Toujours pas un bruit. Tout était en l'état, des magasines récents déposés sur la table du salon, un peu de vaisselle sale dans la cuisine, mais aucune trace de Paolo. Discrètement, Xiang se décida à monter à l'étage. Sur le seuil de la seule chambre à coucher de la maison, il découvrit Paolo. Il était pendu avec le fil d'une rallonge électrique à un crochet au plafond qui avait dû jadis servir à suspendre un lustre. Le visage gonflé et bleu, les yeux exorbités, il devait être mort depuis plusieurs heures. A ses pieds se trouvait une pile de feuilles volantes.

Xiang s'immobilisa sur le pas de la porte, puis il contempla la scène, horrifié pendant quelques instants avant de regagner son sang froid. Xiang observa la scène pour déterminer s'il y avait des traces de lutte autours de lui et au bout de plusieurs secondes, une ampoule s'alluma dans sa tête. Il décrocha son talkie et hurla dedans
- C'est un piège! foutez le camp, maintenant !
En quatrième vitesse, Xiang redescendrai l'escalier pour ressortir par la fenêtre où il était rentré. Si la voiture était encore là, il grimperait dedans, sinon il prendrait la fuite à pieds... En espérant plus qu'il aurait l'air con d'avoir paniqué pour rien que sa prévision se révèle vraie.

Xiang entendit la voiture démarrer en trombe dans la rue dès la fin de son appel. Quelques instants plus tard, il se retrouva seul dans la rue, le calme plat continuait à régner. Si Xiang avait sans doute paniqué pour rien, personne n'était avec lui pour lui en tenir rigueur.

Cinq minutes plus tard, Xiang envoya son sms. La voiture revint. Lui, Mel et Dee approchèrent de Xiang. L'ambiance était lourde. Si Paolo n'était plus dans le coeur de personne, son décès restait inattendu.

- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Luis.

Xiang patienta le temps que ses amis reviennent, quand il fut ici, il alla les rejoindre dans la voiture. Après un court instant de silence et la question de Luis, Xiang répondit.
- On a deux options : soit on appelle les flics et on les laisse se démerder. Au final, même si c'est arrangeant, si on peut dire, notre problème de Seattle est réglé... Par contre si c'est un meurtre, il y aura de fortes chances qu'on soit leur suspects n°1. Mais même si on peut prouver notre innocence, je suis clandestin, ET j'ai foutu les pieds sur les lieux du crime, donc pas d'happy end pour moi, à moins d'un miracle... Si c'est un suicide... Bah tout va bien entre guillemets, mais j'en doute, je le vois pas se foutre en l'air juste comme ça, il aurait au moins écrit ses lettres avant de se tuer.
Xiang reprit son souffle et continua.
- La deuxième solution, on y va nous même, on essaye de se faire un avis sur le fait que ce soit un crime ou pas. Par contre, ça veut dire saloper la scène de crime et potentiellement nous coller dans encore plus d'emmerdes qu'on en a déjà.
Xiang souffla et sortit son portable. Il tapa dessus le 9, puis le 1 et s'arrêta.
- Quoi qu'il m'arrive, personnellement je pense qu'il est temps pour nous d'arrêter de se cacher. S'il est mort, le FBIa plus rien contre noue, rien ne nous oblige à continuer à nous cacher encore, si on coopère, il ya des chances que ça s'arrête... Ou pas... Quitte ou double, ou bien solution deux et on est assurés d'avoir encore des emmerdes.

Le groupe hésita et Mel finit par mettre sa main sur le téléphone de Xiang pour l’empêcher de composer le dernier numéro.

- Le quartier est calme. On peut toujours aller jeter un œil, se faire une diée avant d’appeler la police. On essaiera de ne pas trop contaminer la scène de crime.

Luis se tourna vers la seule fille du groupe.

- Dee, fais le guet.

Elle acquiesça, soulagée de ne pas avoir à faire face au cadavre de Paolo. Mel, Luis et Xiang purent se diriger vers l’intérieur de la maison.

Un peu à contrecœur, le jeune Chinois rangea son téléphone portable et se dirigea vers la maison.
- Bon… Ce serait peut-être bien de se couvrir les pieds, et les mains, pour ne pas laisser de traces dans le bâtiment. Aussi, si vous avez des trucs pour couvrir vos têtes : casquettes, capuches, n’importe quoi… On doit laisser le moins de traces possibles et surtout altérer les lieux le moins possible.
Joignant l’exemple à la parole, le jeune homme essaya de s’envelopper les pieds avec un sac en plastique qu’il traînait dans l’habitacle. Puis, s’ils avaient des gants, il les mettrait et pour finir, il passerait sa capuche.

Xiang avait de la chance. Dans l’habitacle de la voiture traînait un sac plastique rempli de sacs plastiques. Mel, Luis et lui purent s’emmitoufler et gagner l’intérieur de la maison. Si l’ambiance n’avait pas été si lourde, Dee aurait certainement pris une photo pour immortaliser les tenues de ses amis.

Ainsi attifé, le jeune Xiang pénétra dans la maison avec ses amis et donna ses ultimes recommandations.
- Essayez de bouger les choses le moins possible, ou au moins les remettre à leur place une fois ça fait. Les flics vont bien se demander ce que c'est que ce bordel mais c'est leur problème. Et avec de la chance ça les empêchera pas de mener leur propre enquête.
Disant cela, la première chose que ferait le jeune Xiang serait de chercher des traces de lutte : meubles renversés, objets brisés par terre, c'était déjà ce qu'il fallait pour commencer. Ensuite il chercherait à lire les lettres qu'il avait laissées en les touchant le moins possible.

Xiang passa pas mal de temps à tout bien observer, il ne trouva aucune trace de lutte et rien qui puisse donner la moindre indication que quelqu’un d’autre ait été présent sur les lieux.Mel et Luis restèrent un instant silencieux devant le cadavre pendu de Paolo et Xiang se saisit de la pile de papiers qui se trouvait à ses pieds. Il s’agissait d’une confession manuscrite, voir presque une biographie maladroite. Elle évoquait le passé de Paolo et de Cab’ dans la mafia, la fuite aux Etats-Unis, la vie de Paolo dans la police, puis les retrouvailles avec les ennemis, la fusillade, la mort de Cab’. Paolo prenait toute la responsabilité à son compte, il ne mentionnait aucun nom ni rien qui aurait permis de retrouver les identités des autres personnes présentes. Mais tous les événements qui auraient pu être reproché à Mel, Luis, Dee et Xiang passaient sous la responsabilité de Paolo uniquement. Les dernières pages évoquaient la vie de Paolo en Floride, une dépression profonde liée à la mort de son frère, sa seule famille et sa responsabilité dans la disparition tragique. Les dernières lignes exprimaient des regrets, directement adressés à Cab’.

Le jeune Xiang ne se laissa pas émotionner devant le cadavre de Paolo, il commença immédiatement à regarder dans les papiers et lu ces derniers avec une attention toute particulière. Silencieux et concentré, son regard parcouru les lignes du pseudo testament de Paolo et quand il eu terminé sa lecture, il reposa les feuilles à terre en laissant un regard triste se poser sur Paolo.
- Si c'est pas un suicide, les mecs qui l'ont tué on vachement bien camouflé la scène...
Xiang poussa un long soupir et en arriva à sa conclusion.
- Mais si c'est pas un suicide, ils auraient pas prit la peine de nous blanchir dans cette lettre... Putain il s'est suicidé... Si je m'attendais...
Xiang regarda ensuite successivement ses camarades.
- On va s'en aller... On a plus rien à faire ici je pense...

Luis et Mel cessèrent de regarder autour d’eux et contemplèrent le cadavre de Paolo un instant. Ils acquiescèrent à la proposition de Xiang et, quelques minutes plus tard, tout le monde était dans la voiture en direction du centre-ville. L’ambiance était assez pesante.

Le jeune homme retira ses faux gants et ses faux artifices ès qu’il fut de retour à la voiture et alla tout de même décrocher la caméra qui filmait la rue de l’endroit où elle se trouvait. Dans la voiture, il tripota la machine pendant quelques instants avant de briser le silence, avec une voix grave pour ne pas trop contraster avec l’ambiance morbide qui y régnait.
- Je pense qu’on ferait mieux de ne pas appeler les flics. C’est dégueulasse de penser comme ça mais… Je pense qu’ils le trouveront assez tôt de toute façon, et à ce stade, les appeler et les informer nous mettrait peut-être plus dans la merde que ne rien faire… Qu’est-c que vous en pensez ?
Cette question était complètement ouverte et il espérait bien obtenir une réponse de la part de ses compagnons d’infortune. Il désigna ensuite la caméra.
- Si ça devait tourner au vinaigre d’une manière ou d’une autre, cette caméra est notre salut. Elle prouve qu'on a juste découvert le corps et rien d'autre... Faut qu’on la conserve à tout prix, qu’on fasse des copies des fichiers aussi.

Dee haussa les épaules.

- Pour Paolo, ça ne change plus rien de toute façon.

Mel approuva l’idée de Xiang.

- On ne va pas prendre de risque inutile.

La voiture regagna le centre de Miami assez vite.