[Downtown] Appartement de Michael Ferguson.

Martin regarda l’intérieur du couvercle de l’écrin et lut :

- Dowery Jewels & Diamonds, Miami Beach.

Il referma la petite boîte et resta pensif.

- Non, je n’en avais aucune idée.

Bouchra regarda autour d’elle dans l’appartement, les seules photos qu’elle vit étaient celles de la victime avec un couple de personnes plus âgées qui devaient être ses parents. Dans le tiroir néanmoins, elle trouva deux cadres de la victime enlaçant une jolie blonde.

- Vous savez qui c’est ? demanda Milton à Martin.
- Non, répondit-il toujours aussi perplexe, aucune idée.

Bouchra nota scrupuleusement le nom du joaillier et le rentra rapidement dans son téléphone pour se faire une idée des prix qu'il pratiquait. Mais sur Miami Beach, elle était à peu prés sure que ca ne serait pas de la seconde main.

- Un profiler qui cache une liaison à ses collègues... On a jamais vu ça, en effet, grommela-t-elle en photographiant le cadre.

C'était quand même étrange qu'il n'en ai parlé à personne. Dans l’idéal, il faudrait qu'elle prenne chacun de ses nouveaux collègue à part pour leur poser la question. Pas sur qu'ils apprécient.

Sur une impulsion, elle passa dans la salle de bain et regarda les accessoires. Y avait-il plusieurs brosses à dent? Brosses a cheveux? Avec un peu de chance elle trouverait peut être même un de ces superbes cheveux blonds.

Un bref coup d’œil sur l’écran de son téléphone apprit à Bouchra qu’effectivement, la bijouterie tapait dans des prix assez élevés.

Dans la salle de bain, il n’y avait qu’une seule brosse à dents, un nécessaire de rasage et c’était tout. Pas de produit de beauté, pas de brosse à cheveux ni de long crin blond. Riebn qui ait pu indiquer qu’une femme avait passé du temps dans cet appartement.

La vie caché du profiler expliquait peut être la seconde maison ou il avait trouvé la mort. C'est la bas qu'il faudrait chercher des cheveux blonds, mais la scientifique devait déjà être en train de passer la maison aux rayons X.

Elle regarda autour d'elle pas certaine d'avoir été totalement professionnelle dans sa fouille. Mais elle ne voyait pas bien ou chercher de plus. Elle agita devant elle l'écrin en souriant.

- L'un de vous accompagnerait-il une jeune femme dans l'antre du démon pour l’empêcher de dépenser des dollars qu'elle n'a pas?

Milton répondit immédiatement.

- Je vous laisse y aller. Je vais faire un rapport préliminaire à mon chef.

Et juste pour Bouchra il ajouta :

- A ce soir.

Il quitta l’appartement et fut rapidement suivi par les deux agents fédéraux qui regagnèrent leur voiture pour rejoindre la bijouterie. Bien sûr, à peine de contact mis, Martin posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis sa rencontre avec Milton.

- Alors ton père bosse pour Homeland Security ?

Le départ presque précipité de son père aurait pu faire changer d'avis Bouchra. Mais elle ne dit finalement rien et le regarda partir en se demandant si elle le reverrait jamais. Inconsciemment, elle lui avait donné une nouvelle chance. Il fallait maintenant en assumer les conséquences.

Une fois dans la voiture, son collègue ne loupa pas l'occasion de la cuisiner un peu. Elle jouait sur des œufs, la aussi, s'il elle ne voulait pas qu'il comprennent qu'elle n'avait pas été tout a fait honnête.

- Je l'ignorais. Il travaille pour le gouvernement depuis avant ma naissance, mais passe d'une agence à l'autre régulièrement. Tu as compris que nous n'étions pas très proche. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps et j'ai été aussi surprise que toi de le trouver ici. Et, au cas ou tu te pose la question, oui j'ai aussi trouvé son explication pour justifier sa présence particulièrement improbable. Je compte bien le cuisiner dessus ce soir.

Martin resta silencieux un moment.

- Reconnais quand même que c’est étrange. On enquête sur la mort d’un de nos collègues, et la nouvelle qui vient d’arriver tombe, au hasard de l’enquête, sur son père qui bosse pour Homeland Security.

Il hésita à aller au bout de son raisonnement mais il finit par se lancer.

- Si tu es là pour enquêter sur nous, tu peux le dire. Tu bosses pour qui ? Homeland Security aussi ? NSA ? On finira bien par le savoir de toute façon.

Le remarque fut la goutte d'eau de trop.

- Ben tien ! Et on est tellement idiot qu'on a pas été foutu d trouver une meilleure couverture que père et fille ? Ou alors c'est une sorte de truc familial, la carrière chez les fédéraux... Sérieux...

Elle avait quitté Seattle en partie à cause des regards en coin que lui envoyaient certains collègues... Et son premier jour ici tournait au fiasco. Elle se renfonça dans son siège et soupira pour essayer, vainement, de se calmer.

- J'en sais pas plus que toi sur cette histoire et je n'ai pas la moindre idée de pourquoi une autre agence s’intéresse à la mort de mon prédécesseur, mais je compte bien le découvrir. Et libre à toi de te faire des films sur mes histoires familiales, j'ai l'habitude.

Martin leva la main pour tenter de calmer sa partenaire.

- Easy, easy.

Il soupira et essaya lui-même de conserver son calme.

- Ecoute, je suis en train de passer l’une des journées les plus étranges de ma vie, et pas dans le bon sens. Un collègue est mort, un type que j’ai vu tous les jours pendant 15 ans. J’ai aucune idée de ce qui a pu se passer, j’ai rien vu venir et ça me rend dingue. Le même jour, la nouvelle collègue qui se pointe tombe par hasard sur son père qui bosse pour Homeland Security. Alors je suis pas parano, mais reconnais que ça fait beaucoup pour une seule journée.

Concentré sur la route, il semblait faire le maximum pour ne pas regarder Bouchra.

- Ce serait pas la première fois que des agences se tirent dans les pattes. Je veux bien croire qu’on est dans le même camp, je préfèrerais même, mais si je pose la question, c’est parce qu’elle est légitime. Y a beaucoup de coïncidences pour une seule journée. Je sais pas quelle relation tu as avec ton père et c’est pas mes oignons, mais évite de passer tes problèmes sur moi.

Un long silence s'installa entre eux après la tirade de Martin. Elle savait qu'il n'avait pas tort, même si le tact n'était pas son fort, apparemment.

- Achète moi un solitaire et on n'en parle plus, tenta-t-elle de plaisanter.

Ils n'étaient plus très loin, si elle se repérait correctement et elle tenta de mettre les choses au clair.

- J'ai rien à cacher, Martin, et je suis bien celle que je dis. Ni plus, ni moins. Et je suis d'accord pour la coïncidence étrange. C'est un peu dur à avaler pour moi aussi. C'est pour ça que j'ai accepté l'invitation d'un type que je n'ai pas vue depuis plus de dix ans. Et crois moi, je compte bien le cuisiner.

Ça n'était pas l'unique raison évidemment, mais ils ne se connaissait pas encore assez pour qu'elle parle avec lui de ces "daddy issues".

Martin conclut la conversation par un geste de la tête.

- Ca marche.

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