[Downtown] Starbucks Coffee

Xiang se retrouvait une nouvelle fois face à De Santo en train de siroter un frapuccino à la paille. Le policier avait devant lui une farde et un stylo qu’il tendit à Xiang, donnant à ce dernier l’impression d’être une star engagée sous contrat.

- Prends le temps de lire. Quand tu es prêt, paraphe chaque page et signe à la fin.

Toutes les conditions d’indic étaient réunies dans le document, les droits et les devoirs de chaque partie, ainsi que les interdictions. Xiang était renseigné sous son pseudonyme de Kazama, il n’y avait pas d’autre indication sur son identité.

- Tu as du nouveau pour moi ? demanda le policier en entrant dans le vif du sujet.

Xiang prit le temps de lire attentivement les documents avant de les signer les uns après les autres. Afin de ne pas faire du multitâches, il s'interrompit pour répondre au policiers.
- Les Haïtiens sont venus me voir hier, donc le deal est officialisé. 70-30 en leur faveur pour le seraphin. Pour ma marchandise habituelle, ils n'ont rien dit alors je suppose que c'est toujours du 70-30 en ma faveur. D'ailleurs ne parlant de ça.
Xiang glissa sur la table un épais paquet de cannabis pur bio à De Santo et lui expliqua ce que ça signifiait.
- Ça c'est pour la soirée dont on a parlé par SMS, si vous pouviez la "légaliser" d'ici là. Aussi pour le Seraphin, on est bien d'accord que je le vend pas ? Tout ce qu'ils me donnent, je vous le remet ok ? Et heu... Est-ce que vous me rémunérez ou non pour le Seraphin que je ramène, que je puisse rembourser les Haïtiens au moins; Je m'en fous de me faire du bénef sur cette saloperie mais si c'est pas le cas, je vais devoir adapter les prix de mon herbe. Sinon je m'en sors pas.
Dit Xiang l'air un peu gêné, il avait clairement l'impression d'abuser envers le policier auquel il demandait beaucoup, mais il aurait compris un refus.

Un peu paniqué de voir le gros tas d’herbe sur la table du Starbucks, De Santo le rangea très rapidement. Il sortit une nouvelle farde, contenant un document à remplir avec une étiquette. Il détacha l’étiquette qu’il colla sur le paquet de cannabis et nota le numéro qui y était inscrit pour le donner à Xiang.

- Ca dépend de toi. Je fais parvenir ça au labo dès que je rentre. Il faut normalement entre 15 jours et 3 semaines pour que ce soir traité. Si tu veux la récupérer avant, faut que tu pénètres le réseau du labo et que tu fasses monter ton paquet sur la liste d’attente. Tu peux l’avoir pour demain ou après-demain. Tu as le numéro de dossier.

Il prit l’un des paquets de Seraphin’s et colla une autre étiquette dessus.

- On va te payer pour le Seraphin’s que tu ramènes, mais seulement la part que tu dois aux haïtiens. Je vais faire analyser ça. Gardes-en un peu en attendant. Vu que tu n’es pas censé avoir déjà tout vendu, il vaut mieux que tu ne sois pas complètement sans si les Haïtiens reviennent te voir.

A la réponse du policier, le jeune chinois écarquilla ses yeux autant que son épicanthus le lui permettait avant de redresser la tête avec un sourire ironique.
- Ah ouais… Je m’attendais pas à cette réponse… C'est-à-dire qu’entre vendre de l’hebre et ça, je sais pas ce qui est le plus illégal. Mais bon, si personne s’en rend compte et que ça fait de mal à personne, c’est pas illégal…
Répondit le garçon en souriant. Il mit le bout de papier dans sa poche avant de reparler du seraphin.
- Ca me va. Le seul soucis c’est qu’ils m’ont pas dit combien ça se vendait, et comme j’ai jamais touché à ce genre de merde j’en ai aucune idée, vous en avez une vous ?
Demanda Xiang en tout honnêteté avant de revenir sur son herbe.
- Dites, je pense à un truc là, pour l’herbe que je vous passe, est-ce que je ne devrais pas continuer à la cultiver en petites quantités et je vous passe au fur et à mesure ce dont j’ai besoin 15 jours à l’avance pour analyse avant que vous me le rameniez ? Non ? Ca me met en portaffaux rapport au statut d'indic, tout ça ?

De Santo prit le temps d’exposer son point de vue à Xiang.

- Dans ce domaine, si on fait tout by the book, on n’avance jamais. Alors, je ne veux pas devenir un criminel, mais de temps en temps, faut pas hésiter à contourner un peu les règles pour progresser un peu. Ma ligne de conduite, c’est de ne faire de mal à personne, et ce que mon chef ou le juge n’apprend pas ne peut pas lui faire de mal.

Il termina son frapuccino en aspirant les dernières gouttes à travers la paille.

- Je suis pas contre que tu continues à cultiver ta propre herbe et qu’on la ‘légalise’ comme on le fait maintenant. C’est pas réglementaire, mais si tu te fais griller par les Haïtiens, tu risques gros et moi j’aurai plus d’indic. Alors on fait ce qu’il faut pour essayer de choper ces fumiers. Ca te va ?

Xiang sourit à l'inspecteur et acquieça.
- Notre manière de voir les choses est alignée. Un bon point de plus pour travailler ensemble.
Xiang écouta ensuite l'inspecteur et fit non de la tête avant de lui expliquer.
- Nan nan, z'avez pas compris, les Haïtiens ne veulent pas que je deale leur cam, mon deal à moi c'est juste qu'ils se servent sur mes ventes. C'est uniquement pour le Seraphin que je bosse pour eux, pour l'herbe, je suis à mon compte et je leur paye juste un impôt.
Puis il se fendit d'un sourire carnassier.
- Vous inquiétez pas, je suis comme vous, je tout à gagner à ne plus avoir ces parasites sur le dos. Je relâcherai pas ma garde mais vous inquiétez pas, même si ma couverture venait à griller pour une raison ou une autre, je saurais rester en vie. Ça parait ridicule d'entendre un gamin vous dire ça, mais croyez moi quand je vous dit que j'ai déjà affronter des adversaires beaucoup plus dangereux et effrayants qu'eux.
Sans le dire, Xiang repensait notamment à cet assaut dans la tour contre un groupe de tueurs et qui avait coûté la vie à Cab. Mais aussi à cette confrontation avec un hitman d'où il était sortit vainqueur même si blessé au bras. Non, définitivement, il estimait avoir fait plus dans sa vie que ces voleurs à la petite semaine de gangsters. Peut-être avait-ils tué plus que lui, mais sans doute des passants qui leur résistait ou des autres membres de gang aussi pathétiques qu'eux... Lui s'était confronté aux vrais durs et s'en était sortit, eux fois. A condition de ne pas se laisser surprendre, Xiang n'avait pas peur d'eux...

De Santo dévia le regard.

- Je n’en doute pas.

Il mit quelques secondes à exprimer le fond de sa pensée.

- J’ai fait quelques recherches sur toi, faut bien que j’ai une idée d’avec qui je bosse, prudence élémentaire. J’ai rien trouvé sur Kazama, mais il y a eu un avis de recherche du FBI pour quelqu’un qui a la même tête que toi. L’avis a été retiré et que qu’il s’est passé ne me regarde pas, mais j’imagine que tu n’en es pas à ton coup d’essai.

Xiang perdit son sourire quand le policier évoqua l'avis de recherche du FBI. Xiang se mordit les lèvres mais après une rapide réflexion, il décida quand même d'expliquer sommairement la situation au flic.
- Ouais... C'est pas une coïncidence... C'est marrant parce que la partie où ils disent que je me suis pris une balle pour eux et que j'ai aidé à démanteler un réseau terroriste il devait pas apparaître sur l'avis de recherche...
Dis Xiang la mâchoire serré et en martyrisant légèrement son gobelet sur le coup de la colère.
- J'ai été contraint de faire des choses sales par le passé. Le FBI m'est tombé dessus suite à une dénonciation et m'ont forcé à bosser pour eux... Et quand j'ai eu terminé ils ont essayé de se débarrasser de moi. J'ai quand même réussi à leur filer entre les doigts et quelques temps plus tard, ils ont perdu les seules preuves qu'ils avaient contre moi.
Xiang avala un peu de son café puis repris, les lèvres toujours serrées.
- Et aussi étonnant que ça puisse paraître, j'ai rien à voir là dedans... Mais ça m'arrange bien je dois l'avouer, et puis c'est que justice. J'ai faillit crever, ils ont flingué un réseau de terroristes suprémacistes grâce à moi, je crois pas que je leur doive encore quoi que ce soit.
Xiang reposa ensuite le café par terre et conclut.
- Le truc c'est que j'en ai marre de cette vie, vraiment... Je suis pas venu en Amérique pour ça... J'ai fuis la Chine tout seul à 12 ans, pour ne pas être contraint de devenir un criminel, un triade comme mon grand frère. La vie a le sens de l'humour.
Répondit Xiang avec un rire jaune.
- J'espère que notre collaboration sera la dernière fois où j'aurais à faire quoi que ce soit d'illégal.

De Santo écouta attentivement et acquiesça.

- C’est le passé et ça ne me regarde pas. Tu as l’air d’être quelqu’un d’intelligent et tu sais ce que tu fais. Je te fais confiance.

S’il n’y avait rien d’autre, De Santo se préparerait à partir.

- Ne prends pas de risques inutiles. Si tu te sens en danger, si tu penses à n’importe quel moment que tu es découvert, tu m’appelles et je fais donner la cavalerie. Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience.

Xiang rendit à l'inspecteur un sourire bienveillant avant que celui-ci ne se décide de se lever et de s'en aller. Il répondit à son injonction très rapidement.
- Ne vous en faites pas. J'ai pas l'intention de jouer ma vie là dessus, je saurais être prudent.
Dit-il même s'il savait très bien qu'en étant prudent à fond, il n'arriverait à rien. Quand De Santo serait partit, Xiang finirait tranquillement sa consommation avant de s'en retourner chez lui. La journée n'était pas bien longue, mais tant qu'il n'avait pas sa drogue "légale", il n'allait plus rien dealer. Ne lui restait plus qu'à pirater le réseau de la police maintenant, pas une mince affaire non plus.

Domiciles > Squat de Xiang

Arrivé au Starbucks habituel, Xiang n’était pas d’humeur a apprécié une boisson et se contenta donc d’un petit expresso avant d’aller s’asseoir directement devant De Santo. Xiang soupira longuement puis lui expliqua toute l’affaire, d’abord comment ça s’était passé sur l’île, puis ce qu’il avait appris, la manière dont on l’avait évincé de l’enquête… Mais surtout il confia à De Santo ses craintes par rapport au futur de son ami malgré la conviction qu’il soit innocent. Au bord des larmes de nouveau, Xiang conclût.
- J’ai commencé à rechercher un avocat, qui pourrait le défendre. Puisque le FBI m’a jarté, c’est la seule chose que je puisse faire pour l’aider. C’est pour ça que je voulais vous voir, je dois vous demander conseil. Qu’est-ce que je peux faire dans ce genre de situation ? Je suis désespéré…
Déclara Xiang en enfouissant ses deux mains dans ses cheveux. Puis il reprit sur autre chose.
- Et concernant notre affaire… Je vais devoir arrêter de dealer, au moins quelques jours. Déjà parce que j’ai pas la tête à ça, et aussi parce que après ce qui s’est passé, les gens qui m’ont vu monter dans l’hélico du FBI… La seule manière que je puisse rattraper le coup c’est faire le mort et prétendre avoir été placé en garde-à-vue. Donc profil bas les jours à venir.
Mais bien vite, le naturel revînt au galop, Xiang redressa la tête pour que De Santo ne reparte pas complètement bredouille.
- Par contre, j’ai ferré un poisson pour le Seraphin’s blood à la soirée, et un gros. Un fils d’officier de la Navy, il faudra que je retrouve son nom, mais il m’a dit être intéressé pour une transaction. Je pense qu’on a un bon violeur en puissance si vous voulez le serrer. Je serais ravi de vous aider. Enfin… Quand ce qui s’est passé sera derrière moi, je suis encore secoué là…

De Santo ne cacha pas sa surprise. Il prit le temps de réfléchir et répondit à chaque chose séparément.

- La première chose, c’est de trouver un avocat, tu as bien fait d’en chercher un. Il s’assurera au moins que les droits de ton ami ton respectés. Ensuite, je peux essayer de me renseigner sur l’affaire via mes contacts au FBI. Il ne faut pas paniquer, si ton ami est innocent, il va certainement s’en sortir. Les fédéraux ont sans doute tenté de le mettre sous pression - et toi aussi au passage – pour obtenir les infos dont ils ont besoin. D’après ce que tu m’as dit, avec les éléments qu’ils ont contre lui, s’ils le croyaient vraiment coupable, on ne t’aurait pas écouté et ton ami serait déjà en transfert vers une prison fédérale en attente d’une audience préliminaire.

Il se gratta les cheveux avant de continuer.

- Evidemment, cette histoire avec le FBI ne nous arrange pas, toi et moi. Je comprends que tu fasses profil bas quelques jours, mais les Haïtiens vont certainement te demander des comptes. Qu’est-ce que tu vas leur dire ?

Xiang écouta les conseils du policier face à lui et ses paroles le rassurèrent. Avec un léger sourire, il finit par admettre.
- J’ai eu très peur… Avec toutes les choses qu’on dit sur le sud et les mentalités des policiers ici, j’ai cru que c’était foutu, qu’il allait être accusé directement, sans enquête… Mon ami n’est pas encore dehors certes, mais si vous dites vrai, je crois que je n’aurai jamais été aussi heureux de ma vie de m’être trompé.
Déclara-t-il avec un certain soulagement et une amélioration certaine de son humeur. Quand on aborda la question des Haïtiens cependant, Xiang se décomposa de nouveau.
- Putain, je les avais oubliés ceux là… Je sais pas… Si je leur dit que j’ai été arrêté, au mieux, ils cesseront de faire affaire avec moi…
Xiang réfléchit un instant puis fini par claquer des doigts.
- Je sais. J’ai un ami en vadrouille, qui doit rentrer chez nous demain soir. Je vais leur dire que j’étais avec lui à l’autre bout de l’état, pour régler une affaire personnelle, sans rapport avec notre biz… Et en espérant que ça passe.

De Santo fit une grimace.

- Faut pas tomber dans les préjugés non plus. Je suis issu d’une minorité et je n’ai jamais eu de problème avec mes collègues wasps. C’est vrai qu’il y a des endroits où ce genre de comportements existe et c’est inexcusable, mais je n’ai pas remarqué ça ici.

L’idée de Xiang pour balader les Haïtiens sembla convenir au policier.

- Dans le doute, tiens-moi au courant quand ils te contactent. S’ils essaient de te voir, je me tiendrai pas loin, prêt à intervenir.

Xiang hocha la tête aux dires du policier, préférant ne pas en rajouter à ce sujet. Quand aux Haïtiens, Xiang hocha la tête et soupira.
- Je vais pas retourner les voir de suite mais ouais, je vous tiendrais au courant en cas de pépin. Ou alors mieux.
C’est une idée que Xiang eu dans la tête à cet instant, il en sourit d’allégresse.
- La prochaine fois que vous venez ici, Amenez-moi un petit micro, je pourrais peut-être le glisser dans mon téléphone et vous pourrez entendre nos conversations physiques et en ligne. Et pour les SMS je peux vous signer un papier vous autorisant à récupérer mes échanges de SMS.
Aussitôt dit, aussitôt regretté, Xiang grimaça alors.
- Enfin… A moins que ça puisse être utilisé contre moi quoi…

De Santo se permit malgré tout un conseil à Xiang.

- Ne laisse pas les Haïtiens sans nouvelles trop longtemps. Tu n’as pas envie qu’ils te tombent dessus à l’improviste, à un moment où tu ne t’y attends pas.

Il acquiesça à l’idée du micro.

- Je viendrai avec la paperasse et le matériel la prochaine fois. Le formulaire prévoira que tu ne donnes ton accord à l’écoute que pour les conversations qui concernent ton travail d’indic avec les Haïtiens. Toutes les autres conversations obtenues seront inexploitable au tribunal.

Et renoncer à des preuves potentielles comme ça, c’était une sacrée preuve de confiance.

Xiang nota l'astuce pour les Haïtiens, quand au micro, il souriait déja.
- Excellent. J'avoue, ça va me permettre de me sentir plus en sécurité aussi.
Puis Xiang soupira un peu, il garda le silence quelques secondes, puis demanda finalement.
- Est-ce que vous, de votre côté, vous pourrieze faire quelque chose pour mon ami ? Ou au moins me renseigner ? S'il vous plaît ? Le FBI, enfin l'autre ******** surtout, il me laisserons pas approcher de lui à moins de cent mètres. Ne serait-ce que savoir qu'il va bien, et me prévenir s'ils le libèrent... J'apprécierais beaucoup s'il vous plaît.

De Santon acquiesça.

- Je vais voir ce que je peux obtenir via mes contacts au FBI.

S’il n’y avait rien d’autre, le policier était prêt à mettre fin à l’entretien.

- On se voit demain pour la paperasse et le micro. D’ici là, ne fais pas de bêtise.

Le jeune asiatique acquiesça de la tête aux paroles du policier et dû s’en contenter, il n’avait pas le choix de toute façon…
- D’accord, merci pour votre aide en tout cas.
Concernant les papiers, Xiang avait besoin de précisions supplémentaires et sourit un peu plus largement.
- Et aussi… Si jamais… Mettons hein ! Des E-mails qui ne me sont pas destinés, des conversations, qui me sont pas destinées… Tombaient malencontreusement dans mon téléphone. Ce seriat exploitable ?
Souriant comme un requin, Xiang était clairement en train de proposer de faire ce qu’il fesait le mieux : hacker. Sa stratégie était simple : leur servir une montagne de preuves, laplus haute possible pour passer à autre chose rapidement et se construire un joli dossier de petite pute modèle pour enfin demander rapidement sa greencard au titre de "dreamer"