[Homestead] 7-Eleven

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Luis gara la voiture à l’entrée du parking. Ils sortirent tous les quatre du véhicule et pendant que Mel, Xiang et Dee, espacés les uns des autres, s’avançaient droit vers Paolo, Luis faisait le tour pour éventuellement lui couper la retraite.

Le regard de Paolo se posa sur la capuche de Xiang au moment où il verrouillait à distance son SUV. Il ne le reconnut pas. Il s’avança plus loin sur le parking avant de repérer Mel et Dee. Son expression se figea. Il s’arrêta net, mais Xiang, Dee et Mel étaient déjà presque à son niveau. Il se retourna et renonça à faire demi-tour en remarquant que Luis lui avait coupé la route. Il s’adressa alors directement à Xiang qu’il avait enfin reconnu malgré la capuche.

- Je suis désolé.

Après avoir encerclé leur cible, Xiang plongea son regard glacial dans celui du frère de son ancien ami. Il y avait de la colère, beaucoup de colère, mais pas tant de haine qu’il aurait crût éprouver le moment venu.
- Tu peux…
Xiang laissa un court moment de silence avant de reprendre.
- Nous avons risqué nos vies pour toi et ton frère, c’est toi qui est venu nous chercher, toi qui a suggérer cette solution… Et tu nous en as fait payer le prix à ta place. Tu peux être désolé.
Xiang soupira et releva un peu son visage.
- Mais on n’est pas là pour se venger, tu serais déjà mort sinon. Nous sommes là pour te demander d’y mettre un terme.
Xiang se tût, laissant à Paolo le temps de réagir et de répondre.

Paolo sembla se détendre un peu quand Xiang l’informa qu’ils n’étaient pas là pour se venger. Mais il avait toujours l’expression d’un chien battu.

- Le FBI, ils sont venus me chercher. Ils te voulaient, Xiang. Ils m’ont dit que c’était juste pour que tu bosses pour eux. Et si je refusais, il me collaient au taule jusqu’à la fin de mes jours.

Il se passa une main sur le visage, Xiang constata que la main tremblait.

- C’est pas une excuse, je sais. Je suis une merde. Après tout ce que vous avez fait pour nous… Mais si je me rétracte, ils vont le faire, ils vont me coller en taule.
- En même temps, tu y as plus ta place que nous, répondit Luis.

Xiang eu un léger rictus quand Paolo lui parla du FBI et il répondit à cette question.
- Ouais c’est vrai. Ils sont venus me voir avec de belles promesses, j’ai fait leur sale boulot pendant un temps, j’ai même prit une balle pour eux. Et quand ils ont plus eu besoin de moi, ils m’ont jeté comme une vieille chaussette. Un peu comme toi en fait… Je serais à Guantanamo ou de retour en Chine dans un camp de travail si ce n’était pas pour Mel, et eux trois seraient en cavale ou en taule.
Il laissa ensuite Paolo répondre et Xiang hocherait également la tête aux déclarations de Mel’.
- C’est toi qui nous as demandé de tuer. Après je ne dis pas qu’on l’aurait pas fait de toute façon, POur Cab', mais intéressons nous aux faits plutôt qu'aux hypothèses... Et puis c’est une vie contre quatre, c’est jamais facile quand on est du côté du sacrifié tu sais, je sais ce que c’est ne t’inquiètes pas.
Xiang plonge un regard perçant dans celui de Paolo.
- Ou tu dégages. Loin… Tu parles de te rétracter, oui, mais rien ne t’empêches de te tirer avant de le faire, ou après. Tu disparais loin, dans un autre pays où le FBI ne viendra pas te chercher. Tout le monde s’y retrouve, c’est sans doute la meilleure solution, pour toi du moins. Ou tu peux essayer de nous enculer une fois encore, mais t’as intérêt à ne pas louper ton coup, parce que nous on te ratera pas…

Chaque mot que prononçait Xiang semblait être une gifle en plein visage pour Paolo. Mais il écoutait. Il ne cherchait pas à nier ou à fuir, sans doute pour la première fois depuis longtemps. Il était face à ses responsabilités et ça ne devait pas être particulièrement réjouissant.

- Je sais. C’est moi qui vous ai demandé de tuer. Et c’est moi qui suis responsable. Si je ne l’avais pas fait, peut-être qu’il serait toujours en vie…

Il s’arrêta un instant, il avait du mal à continuer. Il baissa les yeux.

- Pardon, Carmelo. Pardon.

Paolo releva la tête.

- Je vais le faire. C’est fini. Je ne fuis plus. Il est temps que je me tienne debout. Je vais me rétracter officiellement. Je vous le promets.

Luis regarda Mel et Xiang tour à tour, se demandant s’il fallait ou non faire confiance au repenti.

Xiang soupira devant l’étalage de bons sentiments de Paolo et rétorque d’un ton sec.
- Il va nous falloir plus que ça Paolo. J’aimerais pouvoir te faire confiance, mais tu nous as déjà trahis une fois, comment on peut être sûrs que tu ne vas pas recommencer pour sauver ta peau ?
Après qu’il ait répondu, il lui poserait une autre question.
- Et comment tu comptes t’y prendre ?

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? demanda Paolo en écartant les bras en signe d’impuissance.

Il soupira avant de reprendre.

- Je vais faire une confession écrite. J’enverrai un exemplaire à la police, un autre au FBI et il y en aura un pour vous. Vous serez complètement disculpés.

Luis continuait à interroger ses amis du regard, toujours à se demander s’il fallait ou non faire confiance à Paolo.

C’est une impasse…
Se dit le jeune chinois en écoutant Luis, puis il réfléchit… Il avait des talents de piratage non ? Il pourrait vérifier en temps réel si la confession écrite envoyée était en mail. Après quelques secondes de silence, Xiang soupira.
- Je ne vois pas d’autre solution, je crois qu’on va être forcés de lui faire confiance.
Xiang soupira de nouveau et s’adresserai ensuite à Paolo.
- On te laisse faire, tu peux leur envoyer un courrier électronique, appuyé d’une lettre. Après ça, je te conseille de tenter la fuite, ça marchera peut-être pas mais t’as rien à perdre à aller t’installer au Panama ou ailleurs. Mais tu penses que ce sera suffisant un simple courrier ?

Paolo acquiesça.

- Je ferai un e-mail et deux lettres manuscrites. Un graphologue pourra identifier mon écriture en cas de doute. J’en laisserai une pour les forces de l’ordre et une pour vous au cas où ils essaieraient de vous la faire à l’envers.

Luis continuait à interroger tout le monde du regard. Dee était silencieuse. Mel fixait Paolo droit dans les yeux.

- Qu’est-ce que tu vas faire après ?
- Je sais pas. Je crois que je vais les laisser faire. Ils vont me virer du programme et puis ils vont sans doute me foutre en taule, on verra bien.

Xiang écouta Paolo sans l’interrompre et finit par prendre la parole au bout de quelques instants.
- Moi je serai toi, j’essaierai de me barrer une fois la chose faite, mais fais comme tu veux, c’est ta vie.
De nouveau Xiang laissa passer un petit instant de silence (pendant lequel les autres pouvaient tout à fait parler cependant et conclût la discussion qui, à ses yeux, avait à peu près tout dit.
- Paolo, parce que t’es le frère de Cab’ et que nous l’aimions, nous t’offrons cette possibilité de te racheter. S’il te plaît, ne nous trahis pas de nouveau.
C’était à la fois une demande sincère et une menace. Xiang ne savait pas pour les autres, mais à titre personnel, il était prêt à exécuter Paolo lui-même s’il tentait de nouveau de les rouler.

Paolo baissa les yeux.

- Je sais que ma parole ne vaut pas grand-chose, mais je vous promets de ne pas vous trahir.

Luis semblait être dans le même état que Xiang, prêt à exécuter Paolo au moindre signe d’enfumage. Mel était un peu plus réservé et Dee encore moins encline à recourir à la vidéo. Mais ça ne voulait pas dire que les membres du groupe ne parviendraient pas à se mettre d’accord en cas de nouvelle trahison et Paolo paraissait en être conscient.

Une fois la discussion terminée, Xiang tourna les talons avec ses amis et en s’éloignant, il commença déjà à exposer le plan.
- Il faut qu’on le surveille, H24. Installer des caméras dans sa rue, tu crois que ça peut se faire ? Aussi il me faut un ordi. Un bon… Il nous reste combien en fric ?
S’ils avaient pu, Xiang se résoudrait à voler l’ordinateur en question.

Luis s’éloigna avec les autres mais sans vraiment quitter Paolo du regard.

- Ok, donc on lui fait pas confiance, répondit-il à Xiang.

Il avait l’air soulagé. Visiblement, ça lui faisait mal de laisser Paolo s’en aller comme ça et risquer de se voir trahir une nouvelle fois. Mel fit la moue en imaginant le plan de Xiang.

- Il ne nous reste pas grand-chose et le peu qu’on a est prévu pour le motel en attendant de trouver mieux. Installer des caméras dans la rues, ça va demander pas mal de ressources et du temps. Tu crois qu’on aura le temps de mettre ça en place ?
- On peut essayer de trouver quelques petites caméras de surveillance domestiques et les installer chez lui directement, suggéra Dee.
- Un peu plus facile d’un point de vue technique, mais il va falloir entrer chez lui. Et c’est toujours pas dans nos moyens.
- Alors on se procure le matos sans payer, conclut Luis. Et on ne traîne pas.

Dans le cas où ils manquaient de moyens, le jeune Xiang était plus d'avis d'utiliser la seconde solution proposée par Luis.
- Va pour la solution de Luis, c'est pas comme si on était pas déjà des voleurs.
Dit-il avec un sourire ironique. Le mensonge des médias... Plus il y réfléchissait et plus il se disait qu'à l'époque, si il n'avait pas été influencé par les fausses promesses de rêve Américain qu'on voyait tout le temps à la télé, il serait peut-être resté en Chine et aurait accepté sa peine pour complicité sans broncher. Ses problèmes auraient été finis depuis lors.

Le petit groupe de Xiang reprit la voiture volée et se mit en direction du centre de Miami où ils pourraient voir la suite des opérations plus en détail.

Squat de Xiang

Xiang descendit du bus et trouva le parking du Seven Eleven auquel il avait rendez-vous pour son achat d’armes. La plupart des véhicules garés étaient des pick ups et les gens avaient clairement le type red neck. Il trouva son contact. Un afro-américain en tenue de sport large » avzec une chaîne dorée autour du coup. Il était appuyé sur le coffre de sa chevy Camaro d’un autre âge.

Après avoir souhaité une bonne journée à Luis et à Dee, Xiang se mit en route vers le lieu de sa transaction. Il n’eut pas beaucoup de mal à identifier le vendeur qui l’attendait sur le parking, il aurait dut s’accrocher au cou une pancarte « je suis un mec louche ». Levant les yeux au ciel, Xiang s’en approcha malgré tout, avec la ferme intention d’expédier le deal aussi vite que possible. Arrivé à sa hauteur, Xiang le salua d’un signe de tête.
- Hi. Vous avez quelque chose pour moi je crois.
Discrètement, Xiang lui montra les billets, assurant ainsi qu’il avait les moyens de payer pour le pistolet qu’il avait commandé.

Le type ouvrit le coffre de sa voiture, vérifia que personne ne regardait, et déplia sans sortir du coffre un chiffon contenant ce que Xiang avait commandé. Ce n’était pas du neuf, ça avait vécu, mais ça avait l’air en bon était.

- C’est bon ?

La garçon examina l’arme des yeux quelques secondes et hocha la tête.
- C’est le bon modèle. Je peux ?
Demanda-t-il pour le prendre en main et l’examiner en toute discrétion bien sûr. Xiang n’allait pas prétendre être un expert, mais il vérifia au moins que l’armée était déchargée, que la sécurité et le decocker fonctionnaient, ainsi que la platine double action. Si tous ces tests étaient bons, il sortirait de sa poche les billets promis pour la transaction.
- Parfait. Ça me convient bien. Voilà votre argent.
Dit Xiang avant de ranger l’arme dans un petit sac à dos apporté pour l’occasion. Puis il fronça les sourcils : il n’avait même pas vérifié si des flics étaient aux alentours. Il mit donc les bouts le plus rapidement possible afin de disparaître vite.

Le vendeur acquiesça et Xiang put se saisir de l’arme. Si comme il l’avait bu au premier abord, le matériel avec vécu et n’était pas de première fraîcheur, toutes les pièces vérifiées par Xiang fonctionnaient bien et il n’y avait pas de risque que l’arme ne lâche dans un futur propre. Elle avait en tous cas été entretenue correctement.

Le type prit donc son argent et s’apprêta à mettre les voiles.

- N’hésite pas à me rappeler si tu veux autre chose.