[Downtown] RCJL au One Biscayne Tower

La Biscyane Tower est loin d'être le plus haut gratte-ciel de Miami, mais c'est certainement le plus prestigieux. Construit dans les années 70, cet immeuble de 210 mètres de haut et 39 étages est entièrement constitué de bureaux. Situé en bord de mer à Downtown Miami, il apparaît avec d'autres gratte-ciels du Biscayne Boulevard sur toutes les cartes postales montrant la skyline de la ville.

Les bureaux du RCJL, le plus prestigieux cabinet d'avocats d'affaires de la ville occupent les trois derniers étages de la tour. A la sortie de l'ascenseur, un hall d'accueil aiguille les visiteurs vers les bureaux des avocats les plus importants ou vers l'open space où travaillent leurs confrères moins expérimentés.

Impressionnant pouvait être le premier mot qui arrivait dans l'esprit d'Harvey lorsque le taxi qu'il avait emprunté le déposait devant l'époustouflante infrastructure qui ne manquait pourtant pas de charme. Dans un style des années 70, il imposait toute sa hauteur sur les environs.
C'était ici qu'Harvey avait obtenu son rendez-vous qui devait le mener vers une nouvelle vie pour lequel il s'était préparé depuis les derniers années. Traversant avec précautions les portes à tourniquet qui barraient l'entrée, Harvey, après vérification rapide du chemin, empruntait l'ascenseur qui se trouvait face à lui le menant vers les trois derniers étages du bâtiment qu'occupaient les bureaux du RCJL. Arrivant dans le hall d'accueil, il s'approcha d'un bureau qui devait être celui d'une secrétaire probablement et exposa calmement sa situation et la raison de sa visite, attendant les informations sur le déroulement de sa visite ici.
Harvey n'était peu être plus très loin de la vie qu'il avait toujours rêvé après tout. C'était presque un rêve qui commençait ce jour-là mais pour cela, il ne devait pas rater sa chance.

La secrétaire indiqua à Harvey le chemin à emprunter dans les allées qui parcouraient l’étage. Après quelques détours, il se retrouva dans une petite salle où des chaises avaient été installées et où plusieurs jeunes hommes en costumes semblaient attendre. Certains se rongeaient les ongles, d’autres ajustaient sans cesse le nœud de leur cravate, à peu près tous les signes de nervosité étaient visible chez l’un où l’autre.

Un jeune afro-américain en costume entra dans la salle avec une liste en main.

- Robert Miley ?

Le bond à côté d’Harvey leva la main.

- C’est moi.
- Par ici, indiqua l’employé du RCJL quittant les yeux de sa liste.

Les deux hommes disparurent et, près d’un quart d’heure plus tard, l’afro-américain revint avec sa liste.

- Harvey Specter ?

Retrouvant l'aspect caractéristiques des salles d'attentes peu confortables, l'ambiance qui se dégageait d'ici est typique des entretiens d'embauches. Transpiration excessive, stress, anxiété, gestes machinaux. Lorsque Harvey entra et s'assit à côté d'un homme en cravate tripotant son noeud de cravate. Harvey, quoique impressionné par le lieu et le contexte tentait de maintenir un semblant de tenue.

Un premier était appelé par un jeune afro-américain et l'emmena plus loin.

Puis ce fut le tour d'Harvey.

- C'est moi, fit-il en se levant avant de suivre l'homme.

Harvey retraversa une bonne partie de l’étage avant d’arriver devant un bureau fermé. L’afro-américain s’arrêta à côté de la porte.

- Vous pouvez entrer. Mrs Rebecca Russel va vous recevoir.

Le bureau était spacieux. Une large baie vitrée donnait sur l’océan azur. La pièce était inondée de soleil. L’un des murs était recouvert par une bibliothèque impressionnante. Un vieil exemplaire de la constitution, des corpus de lois de l’état de Floride, des ouvrages de droits mais aussi d’anciennes éditions de romans la composaient. De l’autre côté de la pièce, une dame d’une bonne cinquantaine d’années était assise derrière son bureau. Elle avait un sourire agrandi par un lifting et des rides qui avaient rendu la chirurgie esthétique impuissante. Les cheveux courts, blonds vénitiens, elle portait un tailleur pantalon beige et de belles boucles d’oreilles en diamant. Elle était plongée dans dossier et, sans lever la tête vers le candidat qui venait d’entrer, indiqua la chaise qui se trouvait devant son bureau.

- Prenez place.

Quand Harvey s’installa, elle leva la tête du dossier et sourit à Harvey.

- Bonjour, Mr Specter. Bienvenue au RCJL.

Avec son sourire, elle avait des airs de mamy-gâteau. Mais son expression ne cachait pas la personnalité forte d’une femme de volonté.

- Qu’est-ce qui vous a poussé a postuler dans notre cabinet ?

Le précieux rendez-vous d'entretien. Que leurs auteurs veulent rendre impressionnant afin de vous intimider. Harvey le savait ce qui n'empêchait pas une légère touche de stress de se faire ressentir qu'il refoula du mieux qu'il le pu.

La femme assise en face de lui, bizarrement déformée sans doute par la chirurgie esthétique qui avait encore ici prouvée ses limites l'accueilli avec une question pour le moins direct auquel Harvey décidait de répondre avec franchise.

- Bonjour. Ecoutez, je me dois de dire que vous êtes le cabinet d'avocat le plus connu de la ville et mes études ainsi que des raisons personnelles m'ont pousser à exercer ma passion.

Harvey n'avait eu que peu d'expérience directe malgré les nombreux stages qu'il avait effectué, il avait peu souvent eu à faire avec des entretiens comme ceux-là et espérait s'en sortir correctement.

Rebecca Russel continuait de sourire, elle replongea rapidement dans le dossier d’Harvey avant de poursuivre.

- Vos études, oui. Je vois ici que vous venez d’Harvard. Comment était-ce ?

Elle prit ensuite un ton plus sérieux pour entrer réellement dans le vif du sujet.

- Quelle expérience professionnelle avez-vous dans l’exercice du droit ?

Le sourire qu'affichait la personne en face de lui, sans le déstabiliser tant que cela, le laissait perplexe. Quel en était la raison? Harvey décidait de ne pas s'attarder sur ce détail sans doute peu important.

- Harvard? C'est une université dont la qualité n'est plus à démontrer. Je peux encore que dire que j'y ai passé les plus belles années de ma vie et pour le moment, les plus productives. Les opportunités proposées par cette école sont vastes et permette une immersion efficace.

Cette question aussi le rendait perplexe. Mais bon...

- Pour être tout à fait franc avec vous. Je n'ai que peu d'expérience professionnelle. J'ai effectué mes études à la Harvard Law School donc et j'ai eu la possibilité d'effectuer plusieurs stages dans des cabinets new-yorkais. J'ai donc une certaine habitude, si je peux dire ainsi, de ce genre de conditions de travail. Mon expérience vient donc principalement des stages effectués durant mes études.

Rebecca, toujours détendue, se permit même une plaisanterie sur Harvard.

- Oui, j’imagine qu’Harvard n’est pas si mal que ça. Yale Law est bien évidemment meilleure, surtout en basket féminin. Nous n’avons laissé aucun trophée à Harvard quand j’y étais.

Elle enchaîna sur le reste de l’entretien. Le peu d’expérience d’Harvey ne semblait pas la déranger. Le jeune avocat devait savoir que son diplôme d’Harvard parlait pour lui.

- Et pourquoi avoir choisi le droit ? Vous vous sentez l’âme d’un justicier ?

Harvey ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à la remarque.

- Oui c'est vrai, les filles n'étaient pas si mal à Yale dans mes souvenirs.

L'âme d'un justicier? Et pourquoi pas devenir Batman tiens.

- Je n'ai pas choisi le droit. J'ai choisi de devenir avocat. La rigueur, la défense. Vous savez, la diversité des situations que l'on nous propose est ahurissante. Et puis j'aime gagner et négocier. Quand je peux combiner les deux, je suis dans mon élément. J'ai tout de même décidé d'être dans le monde des affaires et je pense que vous savez, car je ne suis pas ignorant, que la justice est bien relative dans ce monde.

Rebecca Russel gloussa à la réaction d’Harvey sur le sport universitaire.

- Oh, flatteur. Vous n’étiez pas encore né quand je fréquentais les courts de basket.

Quand Harvey évoqua sa vocation d’avocat, son regard s’illumina un bref instant. Clairement, elle avait entendu ce qu’elle voulait entendre.

- Votre CV est solide et dans votre situation, j’imagine que vous avez de l’ambition. Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

Heureusement pensa Harvey avec amusement.

- Dans cinq ans? Question difficile. Je me vois avocat, ici j'espère, avec une solide réputation et du succès. Que pourrais-je vouloir d'autre? L'argent évidemment. Pour résumer, réussir. C'est ce que l'on peut souhaiter à tout le monde n'est-ce pas?

Harvey ne voulait pas cacher de point là. Il espérait gagner, pas de suite certes. Il était réaliste.

Rebecca ferma le dossier d’Harvey, signe que pour elle, l’entretien était terminé.

- Très bien. Vous êtes prêt à commencer tout de suite ?

Elle souriait plus que jamais en considérant celui qui, désormais, travaillait pour elle.

- Vous allez travailler directement sous mes ordres. Vous ferez ce que je vous dis, quand je vous le dis. Vous êtes à ma disposition et ce cabinet deviendra votre première maison parce que vous y passerez plus de temps que chez vous. En contrepartie, vous apprendrez beaucoup et d’ici quelques années, vous serez un avocat confirmé.

Le deal était simple ici. Tu viens, je t'embauche aucun soucis là dessus. Par contre, tu n'oublieras pas qui t'as employé et c'est moi. Tu me rendras cela jusqu'à temps que tu aies fait ta place ici. Mais c'était acceptable. La réputation du RCJL les avaient précédés et Harvey savait où il allait, enfin, il espérait. L'entretien s'était donc bien déroulé en définitive.

- Bien sûr que je suis prêt à commencer.
Avec un ton assuré, Harvey était plus confiant que jamais.
- Aucun problème, oui bien sûr.
Continuait-il.

Il n'osait pas bouger du bureau avant des instructions plus précises.

Rebecca acquiesça.

- Bienvenue dans la maison. Mon assistant va vous aiguiller pour les formalités à remplir.

Elle appuya sur son interphone et appela le dit assistant.

- Trevor, vous pouvez diriger Monsieur Specter vers les Ressources humaines et lui montrer son bureau s’il vous plaît ?
- Les autres candidats ?
- Renvoyez-les chez eux.
- Oui, Rebecca.

L’afro-américain qui était venu chercher Harvey dans la salle d’attente refit son apparition et invita le nouvel avocat du RCJL à le suivre. A l’extérieur du bureau, il se mit à parler assez vite. Harvey avait intérêt à suivre.

- On va vous faire un badge pour entrer dans le bâtiment, vous obtenir vos accès au réseau de la firme et votre adresse e-mail. Vous travaillez directement pour Rebecca et c’est elle qui vous assignera vos tâches la plupart du temps. Vous ne devriez pas avoir de questions mais si vous en avez, vous pouvez passer par moi, je suis son assistant.

Au passage, si Harvey avait des questions pour Trevor, c’était le moment ou jamais.

Harvey n'eut que peu de choses à dire par la suite tant ici, le monde du travail prenait le dessus. Mais au moins, c'était partie gagnée, il était embauché et pourrait maintenant exercer. La suite viendra en son temps.

L'assistant lui expliqua rapidement le fonctionnement des choses tout en le menant vers son nouveau bureau. Et, sans doute pour la première fois, on lui offrit la possibilité de poser quelques questions, mais Harvey était du genre à réfléchir de lui-même plus que poser des questions. Il était à l'heure actuelle, plutôt pressé d'exercer enfin le droit des affaires.

- Non, je n'ai aucune question particulière. - fit-il en continuant de marcher derrière lui.

- Très bien, acquiesça Trevor.

Un quart d’heure plus tard, Havrey était inscrit au personnel et avait en sa possession un badge à son effigie qui lui permettrait de passer le contrôle de sécurité en bas de l’immeuble. Ensuite, il prit possession de son bureau dans un open space où oeuvraient la plupart des nouveaux avocats du cabinet ainsi que les aides juridiques. A peine installé, Trevor lui remit un dossier.

- Votre première affaire. Rebecca veut un topo d’ici ce soir.

En ouvrant la farde au logo du RCJL, Harvey verrait qu’il s’agissait d’une plainte pour licenciement abusif déposée par une jeune femme contre Dunham industries, une société spécialisée dans le secteur chimique, le pétrole et la finance et cliente du RCJL.

Une première affaire, un premier dossier à l'insigne du RCJl ornait déjà son bureau. Harvey sentait l'excitation monter. Bon... certes, il était en open space ce qui ne constituait sans doute pas le meilleur cadre de travail mais il s'en suffirait.

- Pas de problème, je me met dessus de suite! - ponctué d'un signe de tête affirmatif.

Harvey se laissait aller un moment. Il était assis et pouvait enfin respirer plus librement... pour une courte période.
Doucement, il ouvrait le dossier et découvrait le premier cas sur lequel il devrait plancher.
Une jeune femme, ex-travailleuse pour Dunham Industries, firme spécialisé dans plusieurs secteurs de pointe tel que le pétrole, le chimique ou même la finance, Harvey avait déjà entendu parler de cette firme, qui laissait deviner un pouvoir économique important, portait plainte pour licenciement abusif.
C'était somme toute un cas banal. Harvey, bien sûr, ne connaissait pas la jeune femme.
Dans ce genre de cas, deux fronts d'attaque était possible. Soit démonter la plainte en elle-même et arriver à prouver qu'elle est injustifiée soit faire en sorte de remonter des antécédents chez la jeune femme en vue de la décrédibilisé et de pouvoir éviter d'arriver en face du tribunal.

Harvey ne connaissait que peu les méthodes du RCJL et connaissait seulement la puissance qu'ils pouvaient développer ici. Finalement, le topo pour Rebecca consisterai à savoir quel angle d'attaque il était bon de privilégier. Ensuite, il irait probablement voir cette fameuse jeune femme lui-même.

Le dossier était assez complet. Il contenant la fiche de membre du personnel de Laurine Fisher au sein de Dunham Industries. Elle était née le 3 septembre 1987, elle avait un Bachelor en Business Administration de l’University of Florida obtenir en juin 2008. Elle avait obtenu en stage en août 2009 au département Ressources Hunmaines et avait obtenu un emploi rémunéré dans ce même département en janvier 2010. Elle avait été licenciée en juillet 2010 au motif que sa fonction serait désormais confiée à une entreprise de consultance.

Dans le dossier figurait également sa plainte et sa déposition dans laquelle elle indiquait que son licenciement avait été consécutif à son refus de céder aux avances de son supérieur hiérarchique, William Mitchell.

La plupart des informations cruciales et nécessaires à Harvey pour obtenir une vision d'ensemble de la situation se trouvait dans le dossier. RCJL faisait les choses bien somme toute.
La demoiselle en question, relativement jeune, avait été employée en tant que tel pendant seulement 6 mois. C'était assez difficile de parler de licenciement abusif. Il restait encore à voir les conditions dans lequel ce licenciement avait eu lieu.
Harvey repérait les deux protagonistes principaux de l'affaire, d'un côté Laurine, la plaignante et de l'autre son supérieur hiérarchique direct, William. Certes, le nouvel avocat n'avait pas encore l'avis subjectif de l'une des deux parties. Mais l'important ici allait être de démontrer que le licenciement avait été fait tout à fait légalement ou de s'en prendre directement à la théorie de la jeune femme. Avec un peu de chance, on pourrait même réclamer des dommages et intérêts en la poursuivant par la suite pour diffamation.
En l'état actuel des choses, Harvey attendait maintenant l'heure pour rencontrer sa supérieure à lui. Il avait quelques pistes, qu'il continuait de développer. Il réfléchissait également à une sorte d'angle d'attaque.
Il exposerait tout cela en temps venu.