[Hialeah] 1308 W 29th Street

Dans sa poche, Edmund trouva son portefeuille avec un peu d’argent et son permis de conduire. Il s’appelait Elbio Martinez. Le policier trouva également des clés et un smartphone éteint. En examinant de plus près le malheureux Martinez, Edmund ne trouva aucun signe d’agression ou de blessures. Dans son nez, il vit effectivement des résidus de poudre blanche et des croûtes de sang séché.

Edmund avait effectivement raison sur un point : si il n'y avait aucune trace d'agression, c'est parce qu'ils étaient probablement mort suite à l'absorption de cocaïne. Mais autant de morts, cela depassait une simple overdose : un empoisonnement ?

Sans réellement se rendre compte qu'il se prenait au jeu, le brun regarda sur les autres cadavres (mis à part celui qui avait la tête dans les toilettes, il n'osait pas le toucher) si ils présentaient eux aussi des traces de poudres dans le nez. Il serait intéressant de croiser les données récupérées sur l'overdose du gamin de l'hôpital avec ce que les légistes découvrirait sur les corps. Hésitant un peu, il formula ses pensées à voix haute, ne disant pas non plus jusqu'où il était allé.

- Tu penses qu'ils sont morts d'overdose ? C'est le plus probable, mais ça fait beaucoup de maccabées...

A l’étage, le cadavre allongé sur le lit avait bien des traces de poudre dans le nez. Edmund redescendit au rez de chaussée et constata que les cinq autres cadavres présentaient les mêmes traces.

Nick était en train d’examiner le contenu d’un portefeuille quand il répondit à la question de son équipier.

- Une overdose, ça peut être un accident. Un mauvais dosage ou un gamin qui ne sait pas comment se shooter. Neuf sur la même soirée, c’est huit de trop pour continuer à soutenir la thèse de l’accident. Et ça, c’est pas rassurant.

- Il s arriveront quand les légistes ?

Edmund commença à observer la pièce, à la recher de quelque chose d'inhabituel, peut être quelque chose comme le sachet de fausse coke, ou encore un indice sur le propriétaire de cette maison qui avait visiblement l'air d'être un lieu d'habitué à ce genre de fête.

Observant les gestes de Nick, le flic demanda à son coéquipier :

- Tu trouves quelque chose ?

- Ils sont en route, confirma Nick, ils devraient arriver d’ici quelques minutes.

En cherchant dans le living, Edmund trouva quelques cadres photos sur lesquels figuraient le type qui gisait dans la cuisine avec certains de ses proches. Mais ce fut le seule des cadavres qu’Edmund parvint à identifier sur les photos. Le policier n’eut pas de mal à trouver plusieurs sachets de poudre blanche qui se trouvaient encore sur la table de la salle à manger, avec des pailles et quelques billets de banque roulés, à côté du cadavre assis et au visage affalé sur cette même table.

Dans la rue plusieurs voitures et une camionnette s’arrêtèrent devant la maison.

Le grand brun écouta attentivement son coéquipier, trouvant avec une certaine satisfaction les cadres dans le living room. De sa voix grave et puissante, il haussa la voix pour s'addresser à Nick qui était dans l'autre pièce :

"Celui de la cuisine avait l'air de vivre ici."

C'était assez dingue quand on y pensait... "Avait", alors qu'il n'y a pas longtemps, on utilisait le présent pour lui, parce que c'était un type vivant qui mangeait, buvait, chiait et pissait comme n'importe quel individu. Et là, il gisait dans sa cuisine, probablement tué à la coke empoisonnée. Une situation presque misérable.

Trouvant les sachets de coke, il s'adressa à nouveau à Nick :

" La drogue est dans la salle à manger ! Avec tout l'attirail. "

Il regarda avec un petit peu d'impatience les légistes arriver, sentant l'adrénaline qui venait à lnui lorsqu'il était face à une énigme sur le point d'être résolue.

Nick regarda le visage du cadavre que lui désignait Edmund et remarqua la similitude avec les photos du living. Il foulla les poches du cadavre et en sortit un portefeuille avant de lire le nom sur le permis de conduire.

- Christopher Canisares.

Il se releva quand un médecin légiste entra avec deux techniciens dans la maison. Les deux techniciens se mirent au travail tout de suite et le médecin se présenta.

- Docteur Richard Rowland, c’est vous qui avez trouvé les cadavres ? Qu’est-ce que vous avez ?

- Christopher Canisares.

Cela ne lui disait rien du tout. Il entreprit cependant de retenir le nom.

- Docteur Richard Rowland, c’est vous qui avez trouvé les cadavres ? Qu’est-ce que vous avez ?

Edmund était en retrait par rapport à Nick, aussi il commença noter les identitées des cadavres présents, histoire de s'occuper des mains : il avait horreur des contacts physiques, et parfois, de façon instinctive, son corps se montrait dégouté et mal à l'aise à l'idée de toucher quelqu'un (un choix de certaines personnes de façon totalement aléatoire).

- Edmund Bonehill, on a huit morts, et pas mal de cocaïne. On pense que c'est du poison déguisé.

Le médecin acquiesça.

- D’accord, on va regarder ça. Mais vu le nombre de victimes, on va avoir du boulot. Vous pouvez continuer à fouiller la scène de crime si vous voulez. Mais plus vite on pourra embarquer les cadavres, plus vite on pourra commencer les autopsies.

Nick de son côté reprenait des recherches dans le salon.

Comprenant qu'ils avaient intérêt à faire vite afin que tout soit le plus "frais" possible, Edmund commença à fouiller la maison entière commençant par les (trop) nombreux cadavres, puis passant à la salle en général avant de continuer sur tout le reste de la maison.

Il prit garde à bien gérer ce qu'il fouillait par rapport aux recherches de Nick : il était inutile de fouiner deux fois dans les mêmes affaire, ce serait uniquement une perte de temps et d'énergie.

Edmund commençait à prendre du recul par rapport à la situation, et à retrouver le retrait qu'il avait toujours avec le monde. Désormais presque à l'aise, il était méticuleux dans ses gestes et ses analyses.

Edmund trouva les portefeuilles et obtint les identités des huit cadavres présents. En plus de Chritsopher Canisares et d’Elbio Martinez, il y avait Bernal Loya, Cataldo Leal, Adelmar Caldera, Emil Carrera, Rudolf Sisnero et Balbo Vasquez. Tous habitaient dans le quartier. En dehors de ça, il trouva le reste du matériel de prise de coke dans la salle à manger, des verres et des bouteilles vides en grande quantité et rien d’autre. Une quinzaine de minutes plus tard, Nick se retrouvait dans l’entrée, visiblement près à partir et laisser les scientifiques poursuivre leur travail.

- C’est bon ?

Edmund essayait de retenir les noms de tout les types qui avaient expirés dans la maison quelques temps auparavant. La situation, avec un peu de recul lui semblait complètement surréaliste, mais c'est de son éternel voix grave, rauque et inflexible, qu'il répondit simplement :
-Oui

Les deux policiers regagnèrent leur voiture.

- A ton avis, on retourne voir le gamin à l’hosto pour qu’il nous parle des cadavres ou on lance des recherches sur le passif de nos victimes ?

Nick avait beau être plus expérimenté qu’Edmund, la scène de crime l’avait passablement secoué et il lui manquait l’assurance qu’il avait montrée plus tôt dans la journée.

S'asseyant dans la voiture de la façon la moins délicate possible, Edmund se sentait maintenant fatigué par l'expérience qu'il venait de vivre. Il ressentirait probablement l'impact dans quelques temps, mais dans l'état actuel des choses, il se massait l'arrête du nez comme si la fatigue allait sortir par les narines si il se débrouillait bien.
Inutile et désespérant.
Mais a peine se remettait il de tout cela que Nick lui demanda d'un ton qui laissait deviner son égarement :

- A ton avis, on retourne voir le gamin à l’hosto pour qu’il nous parle des cadavres ou on lance des recherches sur le passif de nos victimes ?

En temps normal, Edmund aurait balancé une remarque acerbe sur l'incapacité de prendre une décision seul lorsqu'il le fallait, mais étant donné les circonstances, il ne pouvait pas lui jeter la pierre, loin de là.

-On enchaîné avec le gamin, histoire qu'il n'ai pas le temps de se reprendre.
Décida-t-il.

Nick se contenta d’acquiescer et la voiture prit le chemin de l’hôpital.

Jackson Memorial Hospital